"Boulevard du Rhum" édition remastérisée

A compter du 1er janvier de l'année prochaine, on tirera définitivement un trait sur la bonne vieille pellicule 35 mm. La numérisation des copies tourne donc à plein régime et les salles d'exploitation devront s'équiper en conséquence avant la date butoir, ce qui ne veut pas dire pour autant, au vu des conditions draconiennes imposées par le CNC et la CST que toutes les salles seront certifiées "numériques". Dans ces conditions, on peut regretter la disparition du cellulose, mais y trouver au moins un avantage : des films qui seraient rapidement tombés dans l'oubli sont aujourd'hui proposés à la vente en version remastérisée plus ou moins haute définition. La copie ayant servi de master vidéo à la précédente édition de "Boulevard du Rhum" était en bon état, mais ses couleurs un brin passées exigeaient un petit toilettage. Voici donc la version remastérisée d'un petit film où l'on s'ennuie ferme. Il est complété d'un documentaire de 40 minutes retraçant les déboires de la production, qui porte bien son nom ("Vent de Galère"). On en retiendra essentiellement cette formule de l'un des intervenants : "Ventura plus excité par un bon steak que par Bardot", l'image est plaisante mais tout le problème du film est là. Aucun antagonisme, aucune animosité entre les deux stars, seulement une indifférence partagée. Comment voir dans Ventura un amoureux transi quand, une fois en présence de la femme de ses rêves, il la remarque à peine ? Robert Enrico, c'est l'homme des "Aventuriers", du "Vieux fusil". "Boulevard du Rhum", c'est une erreur de parcours d'un réalisateur à qui on n'a pas donné les moyens de faire un film qu'il croyait, à tort, ambitieux. Et une erreur de casting pour les comédiens.