LA VERITE

doublementbb a écrit:

Je ne suis pas d'accord avec toi, Phénix. Si la définition d'un cinéphile se limitait à aimer Godard, alors il n'y en aurait vraiment pas beaucoup !

Là, je te suis tout à fait ! Mais si on oubliait que "Le Mépris" est un film réalisé par Godard, pour ne considérer que le film ?

Enfin, comme tu dis : chacun son point de vue.

P.S. "A bout de souffle" reste, quand même, son film le plus "accessible" (s'agissant toujours d'un film signé Godard).

Phénix : Tu m'as vu sur le forum d'Initiales BB Sinon, je comprends pas trop là où tu veux en venir, étant donné que je parlait de "La Vérité", mais pour te répondre, j'ai vu "Le Mépris" pour la première fois, quand j'avais 11 ans ... les filles de mon âge s'intéressaient encore à Disney Channel, alors Et je n'ai pas trop apprécié ... Depuis, j'ai eu l'occasion de le revoir quelques fois, et j'ai appris depuis à comprendre ce film . Après, le registre de Godard ne me correspond pas tellement, je préfère Clouzot, par exemple (Mais j'aime bien "A bout de souffle", même si j'ai mis un temps à aimer le regarder) .
Doublementbb : Ne serais-tu pas ma jumelle ? On a les mêmes opinions sur tout !

De toute façon, je pense qu'on apprécie un film si on le regarde dans de bonnes conditions, en dépendant de notre humeur du moment, de nos envies, nos attentes ...

Surtout, ne cite pas le nom de l'autre forum ou Sidonie (l'administratrice de ce celui-là) ne sera pas contente du tout. Ça marche dans un sens comme dans l'autre.

Je doute en effet qu'à 11 ans, on soiit capable d'apprécier un film comme "Le Mépris". Mais puisque tu parles... d'ailleurs, tu as dû lire le long commentaire que j'ai fait sur le plan-séquence d'ouverture du film et de la difficulté rencontrée par Godard pour le tourner. Quels autres réalisateurs auraient été en mesure de résoudre ce problème ? Combien, à qui on aurait dit : "Vous passez directement du rouge au jaune, puis du jaune au bleu, sous forme d'un plan-séquence", qui auraient simplement déclaré : "C'est tout à fait impossible, on doit faire des raccords" ? C'est à ça aussi qu'on reconnaît un grand réalisateur de cinéma.

Ta dernière remarque est très juste. Il faut parfois revoir un film pour l'apprécier, et changer complètement d'avis à son sujet, parce que c'est aussi une question d'état d'esprit et qu'il dépend de beaucoup de facteurs.

Phénix : Je suis pour la divergence d'opinion, et, je vais t'avouer, je n'ai jamais été douée pour exposer mes arguments.^^ Donc en terme de débat, en général j'abandonne vite... Je comprends ton point de vue, mais pour moi, le Cinéma ne se résume pas à un film, je considère qu'on peut être cinéphile même si l'on ne regarde que des films comme Terminator (que je n'ai pas vu^^), ce n'est simplement pas le même genre de cinéphilie, puisque pas le même genre de film (là je crois qu'on sera d'accord). Enfin bref, voir le point de vue des autres est toujours intéressant.
Blue B : Je veux bien être ta jumelle virtuelle !

Phénix : Je ferais attention maintenant
Je vais re-jeter un coup d'oeil à ton commentaire !
Pour moi, le problème n'est pas le film, c'est simplment le style Godard, c'est pas le genre de film qui m'attire le plus, voilà
Peut-être qu'un jour, dans une dizaine d'année, je serais attiré par ce genre de cinéma, mais pour l'instant, c'est vraiment pas ce qui m'intéresse le plus . Et même si Godard a été confronté à des difficultés, je ne changerai pas d'opinion .
(Je préfère en tout cas Godard à Woody Allen, ils n'ont rien à voir, ils ne sont pas de la même époque, mais devant un Woody Allen, je m'endore ! )

C'est dit : malgré des années passées, de rencontres en débats, à faire partager notre passion commune pur le cinéma à un public de 7 à 77 ans (comme les lecteurs de Tintin), je n'arriverai pas à vous faire aimer "Le Mépris", à défaut de Godard (là, il faut reconnaître que l'entreprise est beaucoup plus difficile). Cela vient de ce que nous, gens de cinéma, regardons parfois un film (certains films, pas tous) davantage sous son aspect technique que sur le plan narratif. Les films de la Nouvelle Vague se prêtent bien à cette vision, et "Le Mépris" en est l'archétype, où l'histoire finalement n'est qu'un prétexte pour le réalisateur à développer une approche esthétique qui lui est propre. Pour ne s'en tenir qu'à la filmographie de BB, voyez Louis Malle avec "Vie privée" où il a occulté ce qui devait être la biographie filmée de la star au profit de la technique cinématographique. Ce film est certes une oeuvre d'art sur un plan purement artistique (par exemple, on a comparé le plan du jardin et de la villa sous la pluie à un tableau de Seurat, la pluie renforçant l'effet de flou artistique), c'est aussi une réflexion sur la solitude de la star, mais le réalisateur ne parvient pas à nous convaincre vraiment que cette star, malgré quelques anecdotes personnelles, soit Brigitte Bardot.

J'étudie le cinéma, donc, j'ai quand même appris à aimer la Nouvelle Vague. :) Cependant, j'aime bien le cinéma dans son aspect divertissant aussi et pour l'instant, les films de Godard, je les trouve surtout intéressants. Mais je n'ai pas dit que je n'aimais pas "Le Mépris" !!

J'ai le même avis que doublementbb sur le sujet . Et comme elle, je n'ai pas dit que je n'aimais pas "Le Mépris", mais simplement que je lui préférais "La Vérité" Après, j'ai certainement cet avis car je suis assez jeune (même si des personnes de mon âge adorent ce film) comme je l'ai déjà dit, je pense que j'aimerai plus Godard d'ici une dizaine d'années .
Mais, je suis d'accord, ce film est un chef d'oeuvre, tout y est bien pensé, bien réfléchi, bien exposé, bien présenter ... et le mépris y apparaît bien !

Je trouve qu'on a un peu trop tendance à citer "La Vérité" au détriment de "En cas de malheur". Ces deux films ont pourtant des points communs. Il s'agit de deux drames où BB interprète le même type de personnage de fille rebelle et marginale, qui se terminent mal. Outre son partenaire Jean Gabin, monstre sacré du cinéma français, il a été réalisé par Claude Autant-Lara, réalisateur sulfureux qui dénonçait les tares de la bourgeoisie. En fait, il ne manque à "En cas de malheur" qu'une grande scène, comme celle du tribunal de "La Vérité" qui relève de la performance d'actrice, pour faire jeu égal avec le film de Henri Georges Clouzot.

Là je suis plutôt d'accord ! Si Autant-Lara avait prêté à BB une scène tragique comme celle de la Vérité, c'est certain qu'on en parlerait autant ! Parce que quand même, Jean GABIN, quoi !

Ha, j'adore ce film, aussi !! D'ailleurs, il est dans mon TOP 3
Je trouve que le rôle qu'elle a est plus attendrissant que celui de Dominique Marceau,le personnage m'a plus touchée, car je l'ai trouvé plus fragile .

Oui, elle est bien plus enfantine dans "En cas de malheur" !

J'adore "En cas de malheur"! Je n'ai pas encore décidé si je préfère "La Verité" ou En cas...J'aime aussi le Mépris. "Vie privée" c'est un festival de beauté du commencement à la fin. Malgré ça je ne le trouve pas un grand film. Mais j'aime beaucoup le voir, tel qu"un beau tableau, comme dit Phénix.

Je préfère le personnage incarné par B.B dans La Vérité. Il m'a touché de bout en bout, il m'a marqué, j'ai été prise par ce film et par le personnage de Dominique, plus que dans En cas de malheur, même si le film m'a plu! Peut etre en effet manquait il "The" scène tragique...

Encore un film qui fini "sec"

Très bon film quand même bien sur, à revoir avec plaisir :p

J'ai entendu ce matin un reportage sur Pauline Dubuisson qui a inspiré le personnage de Dominique Marceau incarné par BB dans la Vérité.

Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_Dubuisson

Je n'ai jamais accroché avec ce film... En dehors de la présence de BB et de son changement dans sa manière de jouer, je trouve le film plat et fade. Je ne parviens pas à avoir de la compassion pour Dominique Marceau.

Et bien, à écouter la vraie histoire, je pense qu'il manque une partie... (d'ailleurs, le journaliste pensait ça aussi !).
En résumé : Pauline Dubuisson a été utilisée par son père pour manipuler les allemands pendant l'occupation et ce très jeune (à 14 ans). A la libération, ayant fricoté avec des allemands, elle a été tondue, violée et mis au banc de la société. Elle a fini par changer de prénom, reprendre ses études de médecine mais la sortie du film de Clouzot l'a faite sortie à son insu de l'anonymat. Elle a fini par mettre un terme à ses jours.
Lors de son procès, sur les jurés présents, une seule personne (une femme) lui avait trouvé des circonstances atténuantes et de ce fait, elle avait échappé à la peine de mort. Les autres, tous des hommes l'avaient jugée coupable.

Vu que "La vérité" ne mettait pas en avant le passé de DM, on ne s'attachait pas à elle. Si le film avait été tourné sur sa véritable histoire, ça aurait eu un autre sens. Clouzot a juste voulu utiliser le personnage de BB incarnant la liberté des mœurs, faisant d'elle juste une fille facile alors qu'en vérité c'était une fille torturée au passé difficile...
Ça aurait pu être un film plus marquant je trouve.

Merci Brixie pour ces informations complémentaires. Tout ce que tu as dit est extrêmement intéressant, et je trouve dommage que toutes c'est choses soient méconnues. J'aime savoir pourquoi un film est tel qu'il est. J'ai horreur des biopics, ou des films qui racontent la vie ou un passage de la vie d'une personne réelle, donc moi qui aimais bien "La Vérité", j'en suis déçue à présent.
C'est extra d'avoir mis le lien Wikipedia, je vais faire des recherches sur le net pour voir si je peux trouver autre chose, car tu as vraiment attiser ma curiosité :) !!!

Pour revenir sur ce que tu dis en dernier, evidemment que Clouzot aurait pu "exploiter" mieux ce fait. Aujourd'hui d'ailleurs je suis persuadée que cela donnerait un film d'autant plus intéressant. Ne serait-ce que pour dénoncer les horreurs d'après-guerre. Et le fait d'avoir mis BB en premier rôle a encore plus desservie une quelconque cause (même si je doute que Clouzot ait voulu servir une cause...). Mettre BB dans le film, c'était ajouter une star pour faire venir un public, pas mettre en avant le personnage.

Brixie a écrit:

J'ai entendu ce matin un reportage sur Pauline Dubuisson qui a inspiré le personnage de Dominique Marceau incarné par BB dans la Vérité.

Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_Dubuisson

Je n'ai jamais accroché avec ce film... En dehors de la présence de BB et de son changement dans sa manière de jouer, je trouve le film plat et fade. Je ne parviens pas à avoir de la compassion pour Dominique Marceau.

Et bien, à écouter la vraie histoire, je pense qu'il manque une partie... (d'ailleurs, le journaliste pensait ça aussi !).
En résumé : Pauline Dubuisson a été utilisée par son père pour manipuler les allemands pendant l'occupation et ce très jeune (à 14 ans). A la libération, ayant fricoté avec des allemands, elle a été tondue, violée et mis au banc de la société. Elle a fini par changer de prénom, reprendre ses études de médecine mais la sortie du film de Clouzot l'a faite sortie à son insu de l'anonymat. Elle a fini par mettre un terme à ses jours.
Lors de son procès, sur les jurés présents, une seule personne (une femme) lui avait trouvé des circonstances atténuantes et de ce fait, elle avait échappé à la peine de mort. Les autres, tous des hommes l'avaient jugée coupable.

Vu que "La vérité" ne mettait pas en avant le passé de DM, on ne s'attachait pas à elle. Si le film avait été tourné sur sa véritable histoire, ça aurait eu un autre sens. Clouzot a juste voulu utiliser le personnage de BB incarnant la liberté des mœurs, faisant d'elle juste une fille facile alors qu'en vérité c'était une fille torturée au passé difficile...
Ça aurait pu être un film plus marquant je trouve.

Je partage totalement ton analyse du film. Ton commentaire en souligne le défaut majeur, le manque d'épaisseur psychologique de l'héroïne dû à la méconnaissance de son passé en fait un personnage inconsistant auquel on ne peut raisonnablement s'attacher ou éprouver la moindre compassion envers elle. Perçue de façon superficielle par les spectateurs, elle en devient même antipathique et quand arrive la fin du procès, quelques-uns doivent se dire : ce n'est que justice.

Il n'en reste pas moins qu'avec le personnage de Dominique Marceau, Clouzot a offert à BB le rôle de sa vie dans la mesure où sa performance d'actrice lors du procès a fait l'unanimité de la critique (chose rare). En fait, c'est le genre de rôle qui consacre la carrière d'un comédien aux yeux de la postérité. Et puis il ne faut pas perdre de vue la critique de la société bourgeoise, et plus particulièrement la dénonciation de la place réservée aux femmes, qui sous-tend tout le film. Il est vrai que Clouzot, comme Autant-Lara, avait des comptes à régler avec la société de l'époque.

Ajoutons qu'aujourd'hui les choses n'ont changé qu'en surface, ce qui fait de "La Vérité" un film toujours d'actualité. Je n'en veux que pour preuve la récente affaire Jacqueline Sauvage. Une classe dominante n'abandonne jamais son pouvoir ni ses privilèges.