jeudi 17 novembre 2011, 17:06
A l'occasion de la sortie de la biographie de Brigitte Bardot, l'actrice a accepté de répondre à nos questions. Par écrit, et sans contact direct, donc.
AFP
Une interview de Bardot, ça vous intéresse ? Quand la proposition est tombée il y a quelques semaines, il n'a pas fallu une seconde et demi de réflexion pour lâcher un “ oui “ plein d'excitation. Bardot en interview et comment ! La proposition venait en écho à la parution de “ Bardot l'indomptable “, ouvrage retraçant le parcours flamboyant de l'actrice.
Cette biographie, enrichie de 250 photos et documents souvent inédits, était une occasion idéale pour réaliser un rêve. Un direct vers la Madrague sans hésitation pour celle qui n'accordait jamais d'interview sauf pour parler du martyr des phoques.
Mais le rêve se transforma très vite en citrouille : “ Brigitte n'accepte que les interviews par écrit, c'est-à-dire que vous m'envoyez vos questions que je lui transfère, et elle vous répond. Souvent elle fait un petit mot manuscrit pour vos lecteurs que vous pouvez faire apparaître dans l'interview. Cela fait toujours grand effet ! “ nous répond l'attachée de presse parisienne des éditions Hugo&Cie qui éditent le livre.
La mort dans l'âme et le moral à zéro, on accepte néanmoins le deal, sachant qu'on ne pourra pas relancer la conversation, approfondir une réponse, réclamer une précision, insister sur un point de détail, relancer la question. Une douzaine de jours plus tard, voici ce que nous recevions en réponse à nos treize questions.
Entre parenthèses et en italiques, les questions que l'on aurait aimé poser si nous avions eu la possibilité de rebondir sur les réponses de la star.
En 1996, vous publiez “ Initiales B .B. “ où vous racontez votre carrière d'actrice et votre destin de femme. Quinze ans plus tard, sortent “ Bardot, l'indomptable “, biographie signée Alain Wodrascka et François Bagnaud ainsi qu'un album des photos de votre ami Léonard de Raemy. Dans les deux livres, on peut voir des photos commentées de votre main. De quelle manière le cinéma reste-t-il présent dans votre cœur et dans votre vie ?
BB. Après Initiales B.B. (1996), il y a eu aussi Le Carré de Pluton (1999), Un cri dans le silence (2003) et Pourquoi ? (2006), tous de grands succès ! Les 2 livres qui sortent actuellement sont illustrées de photos prises tout au long de ma vie et que j'ai commentées de ma main avec plaisir car personne mieux que moi ne pouvait se souvenir de ces souvenirs !
Le cinéma reste l'étape importante de ma vie et il m'a permis d'avoir une renommée mondiale, dont je me sers actuellement pour la défense des animaux. C'est ce qui compte pour moi.
(La question qu'on aurait aimé poser en plus : Vous parlez du cinéma plus comme un moyen pour servir votre combat pour la cause animale que comme une passion. Qu'en est-il exactement ? Avez-vous eu à un moment la passion du cinéma ? )
Pourquoi avez-vous accepté que ces ouvrages existent ?
BB. Pourquoi ne pas les accepter ? Ce sont de très beaux hommages…
( La question qu'on aurait aimé poser en plus : Je croyais que vous fuyiez les hommages ?)
Le livre “ Bardot l'indomptable “ est riche de 250 photos et documents souvent inédits. Lequel vous touche le plus et pourquoi ?
BB. Je n'en sais rien, il y en a tellement… Mais celle, sur la banquise avec le bébé phoque, en mars 1977, me touche beaucoup. C'est l'une de mes préférées.
(La question qu'on aurait aimé poser en plus : Vous mettez à nouveau le cinéma au second plan… Pourquoi ? Vous a-t-il fait à ce point mal qu'aujourd'hui, vous préférez presque l'ignorer ? )
Quarante-six films, une renommée mondiale, un statut d'icône, la rencontre avec les plus grands réalisateurs. De quoi êtes-vous la plus fière et pourquoi ?
BB. Actuellement, je ne suis fière que d'une seule chose : ma Fondation.
(La question qu'on aurait aimé poser en plus : Mais dans votre carrière d'actrice, de quoi êtes-vous la plus fière ?)
Quelle leçon avez-vous gardé de votre premier film “ Le trou normand “ qui fut, dites-vous, un enfer ?
BB. C'était il y a si longtemps… On oublie souvent le pire et on se souvient du meilleur : c'était mon premier film !
(La question qu'on aurait aimé poser en plus :En même temps, dans l'ouvrage de Alain Wodrascka et François Bagnaud, on peut lire : “ Si l'enfer existe sur cette terre, ce premier film en fut un exemple “ tiré de votre autobiographie Initiales BB. Donc, cette entrée dans le cinéma vous a quand même fort marquée ? )
“ Et Dieu… créa la femme “ provoqua à votre égard un torrent de passion, d'idolâtrie, d'indignation et de haine. Quand vous repensez à ce moment de votre carrière, quels souvenirs surgissent en premier ?
BB. Et Dieu… créa le femme est mon film fétiche, celui qui m'a permis de devenir ce que je suis devenue. C'est un miracle dans ma vie ! Et aussi dans la vie de Saint-Tropez… qui est devenu célèbre dans le monde entier.
(La question en plus : Comment avez-vous vécu ce tourbillon ? Comment avez-vous vécu cette foudroyante notoriété ? )
Quand vous croisez cette époque et la nôtre, quelle réflexion vous vous faites sur la nudité au cinéma, dans la société ?
BB. Oh là là ! Quelle décadence… Nudité ou pas, pornographie ou pas, il n'y a que des interdits de toutes sortes dans notre quotidien. La médiocrité a envahi notre société, la mesquinerie, la petitesse d'esprit ! Mais où sont les grandes valeurs, les grands esprits, les écrivains de talent, les acteurs et actrices sublimes qui nous faisaient rêver ?
(La question en plus : Vous êtes très critique à l'égard de vos contemporains ?)
Je crois que le scandale fait partie de ma vie “ écrivez-vous, à propos de votre arrivée à l'Elysée en pantalon en 1967. Pour vous, où est le vrai scandale actuel ?
BB. On ne les compte plus… Mon arrivée en pantalon à l'Élysée, c'est de la “ roupie de sansonnet “. Le vrai scandale actuel, c'est la mollesse de notre gouvernement qui accepte l'inacceptable et nous mène droit dans le mur. Sans parler de ce que sont devenus les services publics et notamment les hôpitaux, les services de police, la Poste...
(La question en plus : Vous attendez avec impatience les Présidentielles ? )
Que dirait la jeune Bardot à la femme que vous êtes aujourd'hui ?
BB. “ Je suis fière de toi ! “
La plupart des artistes qui ont fait leurs adieux sont revenus. Vous jamais. Et sans regrets. Mais seriez-vous prête à tout recommencer en cinéma ?
BB. On ne peut jamais rien recommencer mais si c'était à refaire…, en fait, je ne me pose jamais la question !
(La question en plus. Qu'est-ce qui vous a irrémédiablement fait tourner la page du cinéma ? )
Que vous a apporté le cinéma ? Et que vous a-t-il enlevé ?
BB. Il m'a apporté une certaine célébrité internationale et m'a surtout enlevé à jamais ma liberté.
(La question en plus : Est-ce pour cette raison que vous refusez toute interview sur ce sujet ? )
Vous avez connu la violence de la notoriété. Que pourriez-vous dire aux jeunes d'aujourd'hui qui rêvent tant d'être dans la lumière ?
BB. Chacun est responsable de sa vie et de ses actes !
(La question en plus : Que pensez-vous de la télé réalité ? )
Le documentaire animalier trouve de plus en plus sa juste place au sein du cinéma. Quel film animalier vous a le plus marqué et pourquoi?
BB. Bravo à tous les films animaliers car ils font connaître au public ce que vivent réellement les animaux. Ils sont formidables et pédagogiques car ils remplacent cette horreur que sont les zoos !
Vous souvenez-vous de votre première grande émotion au cinéma ?
Je suis une très bonne spectatrice et je suis émue par tous les films que je regarde à la télé car je ne vais plus au cinéma depuis presque 40 ans. À ce sujet, ce que les programmes peuvent être “ nuls “, en général…
Plein de grands baisers aux lecteurs et aux lectrices du “ Soir “. C'est “ Le Soir “ que je préfère !